Tandis
qu’est âprement discutée, en amont de la conférence mondiale sur le
climat qui se tiendra début décembre à Paris, la diminution globale
nécessaire des gaz à effet de serre, Paris, en tant que pays hôte, devra
mettre l’accent sur le développement des réseaux intelligents, dont
l’un des effets est de lutter contre les gâchis énergétiques et, de
facto, les atteintes à l’environnement.
Le
« sommet de la dernière chance », selon l’appellation désormais
d’usage, approche à grands pas. Début décembre, la France accueillera la
21ème conférence mondiale sur le climat (COP21), au cours de laquelle
les 195 Etats participants devront parvenir à un accord visant à
contenir la hausse des températures en-deçà de 2°C. Il s’agit, pour le
Quai d’Orsay, d’une rencontre « ambitieuse mais impartiale » : « En tant que pays hôte, la France
se doit d’accueillir, dans les meilleures conditions, des milliers de
délégués et d’observateurs sous les auspices des Nations unies. En tant
que pays assurant la présidence de la COP, elle devra assurer le rôle de
facilitateur auprès de toutes les parties de la négociation ».
Le but : rapprocher les points de vue et
permettre l’unanimité quant à l’accord. Pour ce faire, si la hausse
globale des températures sera évidemment au sommet des débats, Paris
devra nécessairement s’appuyer sur un autre facteur, primordial dans la
lutte écologique qui se dessine de plus en plus : les smart grids.
Les smart grids au menu de la COP21
Le terme, loin d’être apparu récemment,
n’en demeure pas moins l’un des mots magiques de notre temps. Les
réseaux intelligents représentent en effet l’avenir de la consommation
énergétique, qui sera de facto plus respectueuse de l’environnement et
plus soucieuse du gâchis d’électricité.
Leur fonctionnement ? En s’appuyant sur
un autre vecteur de développement contemporain, le big data – de plus en
plus utilisé dans les industries mais également dans les services,
comme le journalisme –, les informations concernant les différents
acteurs liés à la consommation énergétique – producteurs, distributeurs
et évidemment consommateurs – sont collectées via ces réseaux et
analysées. Ceci dans le but d’adapter la consommation électrique des
particuliers et de diminuer l’impact du gâchis sur l’environnement.
La France est entrée de plain-pied dans
le développement, à l’échelle nationale, des smart grids ; cette année,
la filiale d’EDF chargée de la distribution d’électricité, ERDF, devra
commencer à installer chez ses clients des compteurs électriques
nouvelle génération. Baptisés Linky et basés sur l’interconnexion en
réseau des différents acteurs intervenant dans le processus de
consommation énergétique, les boitiers ont vocation à équiper, à terme,
35 millions de foyers.
Aujourd’hui, les Etats se tournent de
plus en plus vers cette technologie qui, en plus de réduire les impacts
négatifs sur l’environnement, s’avère être une opportunité sérieuse pour
développer le recours aux énergies renouvelables dans la consommation
électrique. Selon SmartGrids France, regroupement de neuf pôles de
compétitivité française spécialisés dans le domaine de l’énergie et des
technologies de l’information et de la communication (TIC), « la croissance des énergies renouvelables constitue un véritable défi pour les réseaux électriques. »
Nécessairement intermittente – car
soumise au bon vouloir de l’énergie solaire, hydraulique ou éolienne –,
l’électricité issue des énergies vertes aura vocation à s’immiscer dans
le réseau classique de consommation électrique ; les smart grids, en ce
qu’ils permettront un pilotage à distance, faciliteront grandement le
recours au renouvelable. A l’heure où les nations les plus pollueuses de
la planète s’engagent à réduire leur consommation d’énergie fossile
tout en augmentant le ratio d’énergies renouvelables dans leur mix
énergétique, les Etats parties à la COP21 ne peuvent donc passer sous
silence cette nouvelle technologie.
Vers le développement des « smart cities » ?
D’autant plus que les réseaux
intelligents – et plus largement tous les objets connectés, domaine dans
lequel la France fait office de très bon élève – n’ont pas vocation à
s’appliquer aux seuls particuliers. A côté du concept de smart grids
s’est en effet développé celui, plus ambitieux – mais irréalisable sans
le premier –, de smart cities. La clé : comme pour les réseaux
intelligents, il s’agit, grâce au traitement généralisé de données
massives, de modéliser le comportement d’une ville afin de réduire
l’impact de son fonctionnement sur l’environnement.
La métropole lyonnaise fait par exemple
partie des pionniers en France : dans son classement de la « Ville de
demain 2014 », la société m2ocity, filiale de Veolia et d’Orange, distingue ainsi la capitale des Gaules pour « sa volonté d’assumer un projet d’innovation durable ». Lyon est en effet l’une des têtes de proue française en matière de réseaux intelligents ; elle vient de lancer
son application Optimod’Lyon, qui a pour objectif de donner une
information géolocalisée sur l’ensemble de l’offre de mobilité et les
offres de stationnement.
La facilitation du transport des
citoyens n’est pas le seul but des smart cities : un certain nombre de
secteurs, comme l’administration et la consommation électrique donc,
seront facilités par l’apparition des villes dites intelligentes. Si le
développement des smart grids au profit de ces dernières agira
nécessairement sur l’économie de la collectivité – parce qu’il
nécessitera des emplois mais surtout parce qu’il permettra de réaliser
des économies –, le facteur environnemental est évidemment au centre du
jeu. C’est la raison pour laquelle la France ne devra pas perdre de vue,
en tant que pays hôte de la prochaine COP, l’enjeu porté par les smart
grids et, lato sensu, les smart cities. Elle devra même insister sur ce
point afin de faire admettre au plus grand nombre qu’il devient urgent
de penser autrement la consommation d’énergie.
Sans changement de paradigme en la
matière, les objectifs fixés par un grand nombre d’Etats quant à la
réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre resteront lettres
mortes. Ce sont, précisément, les nouveaux usages induits par des
innovations comme celle des smart grids qui permettent de lutter
efficacement contre la hausse des températures à l’échelle mondiale. Le
big data, dès lors arme privilégiée des nouvelles exigences
climatiques ? L’une d’entre elles, assurément.
Source: http://www.greenetvert.fr;
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire