COP21 : la question de la traçabilité de l’aluminium doit être au cœur des débats
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Alors que les besoins mondiaux en termes d’aluminium ne cessent de croître (7% de croissance prévisionnelle pour 2015), la question de l’empreinte écologique de la production de ce métal fait débat. La réduction des émissions de CO2passe par une modification des moyens de production de l’énergie nécessaire à la création de l’aluminium, quand il s’agit de charbon thermique. Une énergie ultra polluante, responsable, à production égale, de cinq fois plus d’émissions de CO2 que lorsque l’aluminium est produit à l’aide d’énergies renouvelables. La COP 21 (30 nov-11 dec), grand-messe sur le climat organisée cette année à Paris, serait bien inspirée de s’emparer du sujet.
L’électrolyse par charbon, solution ultra polluante
La production d’aluminium est particulièrement énergivore. Ce n’est pas un problème en soi quand l’énergie consommée est d’origine renouvelable, ça l’est déjà un peu plus quand il s’agit de charbon thermique. Concrètement, l’aluminium est produit à partir de bauxite, minéral duquel on extrait l’oxyde d’aluminium par affinage selon le procédé Bayer. Appelé alumine, cet oxyde d’aluminium contient de l’oxygène qu’il s’agit de retirer pour obtenir de l’aluminium métallique pur. Le procédé d’extraction de l’oxygène s’appelle l’électrolyse, c’est lui qui nécessite une quantité importante d’énergie – un courant électrique continu de 100 000 à 320 000 ampères tout de même.
Pour obtenir une telle intensité, deux sources d’énergie sont actuellement utilisées. L’une, renouvelable, privilégiée par les acteurs traditionnels de l’aluminium que sont par exemple le Canada et la Russie, pays ayant adopté des mesures drastiques en faveur du développement durable : l’hydroélectrique. L’autre, polluante, dont les nouveaux acteurs de l’aluminium que sont la Chine et l’Inde sont très friands : le charbon. Il est ainsi intéressant de remarquer qu’en 2014, la Chine produisait à elle seule 52 % de l’aluminium mondial, mais était responsable de 68 % des émissions dues à la production d’aluminium dans le monde ! Un déséquilibre qui en dit long sur la nocivité du charbon par rapport à l’hydroélectrique.
Rappelons-le, les centrales à charbon ont un impact particulièrement désastreux sur l’environnement. Seconde source d’énergie primaire (30,1 %) après le pétrole (32,9 %), le charbon assure plus de 40 % de la production mondiale d’électricité. Si ses réserves sont considérables (110 ans de consommation environ) et ses coûts d’exploitation stables et ultra compétitifs, le charbon est de loin l’énergie fossile la plus toxique. Pollution durable des nappes phréatiques, émission de soufre, de dioxyde de soufre (responsables des pluies acides) et de gaz à effet de serre (méthane, CO2, oxydes d’azote), le charbon accumule les mauvais points, s’avérant même plus polluant que le pétrole.
La COP21 s’est fixée pour objectif principal d’encourager les pays présents à prendre les mesures nécessaires à la limitation à + 2 degrés de la température mondiale par rapport à l’ère préindustrielle. Un objectif que s’échinent à remplir les industrielles de l’aluminium, heureusement de plus en plus nombreux, qui ont opté pour l’hydroélectrique, mais que sabotent les pays qui continuent d’avoir recours au charbon. Ces derniers sont d’autant plus dangereux que la production d’aluminium par charbon coûtant moins cher, ils sont bien plus compétitifs, et pourraient contraindre les industriels éco-responsables à se retourner eux-aussi vers le charbon, par peur d’avoir à mettre la clé sous la porte.
Que faire pour enrayer cette dynamique ? Il y a sans-doute une carte à jouer lors de la COP 21. Encore faudra-t-il s’y poser les bonnes questions, et y proposer des réponses pertinentes.
COP 21 : la généralisation de l’aluminium propre doit passer par une meilleure traçabilité
La responsabilité doit être aujourd’hui sociétale, et cela passe par un cadre légal strict et encadré. La France va accueillir et présider la 21e Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques fin 2015 (COP21), présentée un peu partout comme la « conférence de la dernière chance » pour faire enfin un vrai pas dans la lutte contre le réchauffement climatique. L’occasion ou jamais d’édicter des règles de bonne conduite en faveur du développement durable dans l’industrie de l’aluminium, et d’exercer une pression efficace sur les grands pollueurs.
En effet, si la COP21 permettait de renforcer les règles de traçabilité en matière d’aluminium et d’œuvrer pour d’avantage de transparence, grandes et petites sociétés clientes, pour la plupart dotées d’une charte RSE, n’auraient d’autre choix que de privilégier un aluminium mois polluant, quitte à le payer un peu plus cher. Faute de quoi elles perdraient eux-mêmes en compétitivité, à l’heure où la transition énergétique est sur toutes les lèvres, et où les consommateurs sont de plus en plus sensibles à l’écologie. Sans compter les sanctions économiques auxquelles elles s’exposeraient en persévérant, en parfaite connaissance de cause, dans une logique de profit courtermiste et toxique. Si elles ne le font pas de leur plein gré, la mise en place d’outils de traçabilité performant sur la question de la provenance de l’aluminium permettrait donc de faire en sorte que les entreprises occidentales se tournent vers un aluminium propre pour au moins deux raisons, incontournables et intimement liées : leur image de marque et leur rentabilité. Une perte de clientèle pour les industriels de l’aluminium au charbon qui encouragerait ces derniers, par effet de levier, à se tourner eux-aussi vers les EnR.
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